Les espaces publics parisiens à l’épreuve de la démocratie locale
Abstract. En deux décennies, les espaces publics sont devenus l’un des éléments clés de l’action publique sur la ville. A mesure que de nouvelles formes d’aménagement ont émergé, de nouveaux modes de production ont aussi vu le jour. Les pouvoirs publics se sont ouverts à d’autres acteurs, que ce soient les associations d’usagers, les associations d’habitants ou les habitants eux-mêmes. Cette évolution a été relativement lente à Paris, dans un contexte politico-institutionnel très particulier. Aujourd’hui, il existe plusieurs modes d’association, de la simple information à la participation, en passant par la consultation de la population ou la concertation au moment des projets d’aménagement. Il convient cependant de poser un regard critique sur ce renouvellement. Certes l’aménagement des espaces publics, autrefois dominé par la logique administrative et technique, peut désormais être publiquement débattu. Mais ce nouveau mode de production demeure soumis aux limites intrinsèques de la démocratie locale. Les intérêts locaux pèsent fortement sur les choix d’aménagement. Or, ces intérêts sont principalement des intérêts de résidents, en particulier ceux qui sont issus des classes moyennes et supérieures. Ce faisant, les espaces publics se muent en «paysages publics», en contradiction avec ce qui fait la ville dans son ensemble.